Géographes en action : retour sur le traitement documentaire d’un fonds photographique de l’université

Votre mission, si vous l’acceptez, est d’assurer le traitement documentaire du fonds de photographies de terrain des géographes de l’Université Bordeaux Montaigne, un fonds remontant aux années 1950.

Recrutée pour quelques mois, Delphine Bramaz a été chargée d’assurer cette mission consistant à :

  • réaliser un tri des différentes photos pour identifier celles pouvant être facilement diffusables tout en normalisant le stockage des photos (renommage, organisation des dossiers…) ;
  • numériser la partie du fonds encore non numérisée ;
  • signaler et indexer dans MédiHAL les photographies sélectionnées en vue de leur diffusion : préparation des métadonnées, choix des mots-clés, géolocalisation lorsque cela est possible…

Cette mission est financée par le CNRS dans le cadre du Consortium HumaNum ImaGEO, piloté par le laboratoire PASSAGES et dont le Service Commun de la Documentation de l’Université Bordeaux Montaigne est membre. Elle s’inscrit dans un cadre national plus large de numérisation et de valorisation de fonds iconographiques pour les géographes : cartes, plans, photographies de terrain…

Les photos de sorties-terrains des années 1950-1960

Présentation par Philippe Laymond, en charge de la Cartothèque

La cartothèque du SCD de l’université a numérisé les négatifs de milliers de photographies prises dans les années 1950 et 1960 par Aurélien Faure, le photographe de la Faculté de Lettres de l’époque. Ces photos en noir et blanc ont été prises à l’occasion d’évènements marquant la vie universitaire.

Dans ce fonds, près de 3000 photos ont été prises à l’occasion des sorties-terrains des géographes. Ces vues nous montrent les paysages traversés par les enseignants et étudiant·e·s de cette époque. Elles permettent aussi de ressentir l’ambiance à la fois studieuse et joyeuse de ces groupes d’universitaires sur le terrain.

Ces excursions étaient organisées en France, surtout dans le sud-ouest, mais aussi dans les pays limitrophes, particulièrement dans la péninsule ibérique, largement sillonnée par le bus des géographes bordelais.

Quelques questions à Delphine Bramaz

Avec les précisions des co-encadrants de cette mission, Philippe Laymond et Julien Baudry

Avant de débuter cette mission, quel était ton parcours ?

J’ai un parcours universitaire assez classique, dans le sens où j’ai enchaîné bac, licence, master. Après mon bac L, je suis entrée en licence de Lettres Modernes à Bordeaux, puis après trois ans et une licence validée je suis partie en Master Métiers de la science des patrimoines, option Patrimoine écrit et édition numérique, au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours. Pendant ces deux années je me suis entre autres spécialisée dans l’étude et la conservation du patrimoine écrit ancien.

Ce Master a été l’occasion pour moi de faire un stage de quatre mois au sein de la bibliothèque Lettres et Sciences humaines, pendant lequel je me suis occupée de la réserve des livres patrimoniaux. Ce stage m’a convaincue de m’orienter vers les métiers des bibliothèques, particulièrement universitaires, et j’ai intégré l’année spéciale de DUT bibliothèques-médiathèques-patrimoine pour me spécialiser, année que j’ai terminée en juin 2020. Je suis arrivée au SCD mi-septembre.

Comment se déroule la numérisation de ces photographies ?

Pour numériser, il faut commencer par positionner les négatifs sur le support spécifique, en veillant à ce qu’ils soient dans le bon sens, pas de travers et bien bloqués ensuite. Un aperçu est d’abord généré par le scanner, visible sur le logiciel du scanner. On découpe sur l’aperçu la partie à numériser. La numérisation prend environ trois minutes en général, et il faut faire cela pour chaque négatif, un par un. Ça peut paraître long mais le rendu est génial !

MédiHAL, c’est quoi au fait ?

MédiHAL est une plateforme d’archive ouverte, au même titre que HAL, consacrée aux photographies et images scientifiques. Elle permet le dépôt, la conservation et la diffusion d’images, mais aussi de vidéos et de documents sonores. MédiHAL s’appuie sur le libre accès, les données mises en ligne sont donc accessibles au plus grand nombre.

Des fonds photographiques similaires existent-ils ?

Je ne sais pas si des fonds similaires existent, si on parle du type de fonds (photographie de sorties de terrain de géographie), mais j’ai pu observer ce qui était déjà présent sur MédiHAL et il y a déjà des fonds importants !

Philippe Laymond : Il y a effectivement de nombreuses photos de terrain de géographes sur MédiHAL. Environ 26 000 photos issues des fonds numérisés de plusieurs laboratoires de géographie français sont également visibles sur Navigae. On y trouve notamment une reconstitution dynamique de l’itinéraire d’Emmanuel de Martonne en Roumanie en 1921, avec ses photographies prises dans la région et la transcription au fil des pages de son carnet de terrain.

Quand pourra-t-on découvrir en ligne l’intégralité de ce fond ?

Je ne suis pas en mesure de le dire… il reste encore des photographies à mettre en ligne, et je ne pense pas avoir terminé avant la fin de mon contrat. En tout cas, aujourd’hui, près de 150 photographies sont déjà visibles !

Julien Baudry : Les premières photographies sont déjà en ligne à ce jour, consultables sur MediHAL. Le fonds est assez volumineux et, pour des raisons d’identification des lieux mais aussi de droit à l’image, il n’est pas certain que la totalité du fonds soit diffusé à terme. Le travail de Delphine nous a permis d’identifier les photos les plus pertinentes à mettre en ligne, et nous espérons que ce travail de sélection soit complété par le regard scientifique des géographes de l’université.

Des actions de médiation sont-elles déjà prévues pour le valoriser ?

Je ne sais pas encore.

Julien Baudry : Une collection dédiée va être créée courant janvier sur MédiHAL pour mieux les mettre en valeur, et présenter le fonds en vue d’utilisations, notamment scientifiques. Elles seront aussi interrogeables sur Navigae, comme l’essentiel des fonds numérisés dans le cadre d’ImaGEO. Ce type de photographies est très précieux pour les études diachroniques, où l’on cherche à comparer l’évolution dans le temps d’un paysage ou d’une ville. C’est ce type d’usages que nous allons essayer de promouvoir, en plus de l’intérêt historique pour l’université elle-même.

Avez-vous contacté ces géographes pour avoir plus de précisions sur ces photographies ?

Certains professeurs qui exerçaient à cette époque (dans les années 1960) ont été contactés, il me semble, dans le but de les faire venir, afin que peut-être ils identifient des lieux ou des personnes. Mais vu le contexte actuel, cette étape attendra un peu.

Philippe Laymond : Nous avons commencé à contacter des étudiants présents à cette époque, qui sont par la suite devenus enseignants à l’université, et aujourd’hui à la retraite. Ces personnes nous indiquent d’autres contacts et ainsi une liste se met en place. Il est évident que les témoins des sorties les plus anciennes se font rares. Il est prévu d’organiser des rencontres lorsque la situation sanitaire le permettra, afin d’avoir des précisions sur ces photos, notamment à propos de l’identité des enseignants organisateurs de ces sorties de terrain.

Quels sont les outils que tu as employés pour référencer ou indexer toutes ces photos ?

J’ai réuni toutes les photos du fonds sur un tableur Excel, qui m’a permis de décrire chacune des photos selon certains critères. C’était très pratique pour avoir tout au même endroit et effectuer des tris dans le fonds, pour connaître le nombre de photos qu’on pourrait mettre en ligne par exemple, voire le nombre de photos tout court, sans avoir à tout compter manuellement.

Comment as-tu travaillé pour géolocaliser les photos ?

Toutes les photographies étaient nommées en fonction de la date et du lieu de prise de vue (pays, région ou ville). Lorsque les photographies présentaient des signes particuliers, comme un monument reconnaissable, ou encore des panneaux, je tentais de rechercher le lieu sur internet (sur Google Images), en tapant de façon large « église Espagne » par exemple. Parfois je tombais par hasard sur ce que je cherchais, parfois je devais chercher plus en profondeur. Il m’est aussi arrivé d’avoir des informations par des collègues qui connaissaient le lieu !

Une fois le monument et donc le lieu identifiés, je les confirmais en utilisant l’application Street View de Google Maps, voire parfois Google Earth. Cela m’a également permis quelques fois de retrouver l’endroit exact de la prise de vue, un monument pris depuis telle rue ou telle place, et de déterminer si le lieu avait changé depuis.

C’était un travail assez long par moment, il m’est arrivé de passer entre une heure et une heure et demi sur une photographie, mais c’était passionnant dans le sens où j’ai pu voir et découvrir des endroits, qui peuvent ne plus exister aujourd’hui ou avoir été modifiés. J’ai même ajouté certains lieux à ma liste des endroits où j’aimerais voyager !

Quelques photos extraites de ce fond

Une histoire de cartes

A travers ces histoires de cartes, la bibliothèque de géographie-cartothèque présente un certain nombre de nouveautés et de raretés de son fonds cartographique. Cette exposition de cartes rentre dans le cadre des expositions d’EXARMAS (dispositif art & sciences à la Maison des Suds) de l’UMR Passages.

L’exposition est articulée autour de 5 thèmes :

  • une histoire de relief ;
  • une histoire au 1:50 000 ;
  • une histoire de couleurs ;
  • une histoire de dalles ;
  • une histoire ancienne, mais aussi nouvelle.

Cet ensemble de cartes variées permet de s’interroger sur les représentations spatiales, tout en explorant d’un nouveau regard la mise en art des cartes.

Le vernissage a eu lieu le 5 février à l’occasion de la journée d’études de l’APHG Aquitaine « Quoi de neuf en géographie ? », mais l’exposition reste visible jusqu’au 13 mars 2020 à la Maison des Suds !

L’Asie du sud-est continentale

Au siècle dernier, Élisée Reclus parlait, en termes géographiques, de l’« angle de l’Asie ». L’Asie du sud-est continentale est le sujet de la nouvelle exposition de cartes. Vous pourrez y voir des cartes récentes et anciennes des 5 États (Cambodge, Laos, Myanmar, Thaïlande, Vietnam) qui composent cette région de contraste et en cours d’émergence, ceci notamment à travers ses villes, comme par exemple Phnom Penh autrefois et aujourd’hui.

Cette exposition est accompagnée d’une sélection d’ouvrages récents liés à la nouvelle question de géographie aux concours du Capes et de l’agrégation. Rendez-vous du 6 janvier au 15 février, à la Bibliothèque de géographie-Cartothèque.

La découverte de l’Asie du sud-est se poursuivra mi-février avec une exposition sur l’Asie du sud-est insulaire.

Source : Indochine française. Par Pierre Deffontaines. Carte n°29, Hatier

Le Danube au fil de l’eau

« Les rives du fleuve sont à l’image de l’histoire tourmentée d’une Europe qu’on appelle centrale. Hongrie des deux côtés, puis une rive hongroise une rive slovaque, Slovaquie des deux côtés, puis une rive slovaque et, en face, autrichienne, puis Autriche des deux côtés. »

Cécile Wajsbrot et Sébastien Reichmann. Europe centrale, un continent imaginaire. 1991. Autrement.

Du 2 novembre au 20 décembre, la Bibliothèque de géographie-Cartothèque vous propose de suivre le cours du Danube à travers une exposition de cartes, dont certaines cartes patrimoniales comme cette carte des environs de Belgrade.

De la Forêt-Noire à la mer Noire, 10 pays et 4 capitales vous attendent !

Etats danubiens. Carte physique et agricole. Par P. Vidal-Lablache. Carte 32. A. Colin

Les vignobles français

En cette période de vendanges, la bibliothèque de géographie-cartothèque / infothèque ISIC vous propose de réviser les cartes des vignobles de France. Parmi ces régions agricoles spécialisées, le bordelais est mis à l’honneur, avec notamment quelques cartes anciennes et des panneaux expliquant l’historique de ce vignoble (travaux du CERVIN). Une sélection d’ouvrage complète cette présentation.

Quels cépages sont utilisés en Touraine ? Quelles sont les appellations en Languedoc ? Quels sont les meilleurs millésimes des vins de Bourgogne ? Par où passe la route des vins en Alsace ? Venez trouver les réponses à ces questions au 2ème étage du bâtiment G, jusqu’au 31 octobre, sans modération !

Extrait de : Vignobles de Bourgogne. Comité national des vins de France

Les parcs naturels en France métropolitaine

Cette exposition de cartes s’intéresse aux parcs naturels français. Qu’ils soient régionaux ou nationaux, ces espaces mis en valeur sont caractérisés par une forte ruralité et porteurs d’un riche patrimoine naturel et culturel.

L’exposition se situe au carrefour des questions du CAPES et de l’agrégation de géographie (« Les espaces ruraux en France », « Les espaces du tourisme et des loisirs »), mais peut intéresser tous les publics souhaitant en savoir plus sur ces espaces protégés.

Du plus ancien (Parc national de la Vanoise, 1963) jusqu’au plus récent (PNR de l’Aubrac, 2018), venez (re)visiter ces parcs à travers des cartes, et pourquoi pas préparer de prochaines vacances…

Rendez-vous à la bibliothèque de géographie-cartothèque du 6 mai au 30 juin !

Extrait de la carte du Parc naturel régional des Landes de Gascogne

L’Afrique équatoriale

On voyait sur la carte un fleuve, un grand fleuve puissant, qui ressemblait à un immense serpent enroulé, la tête dans la mer, le corps au repos, infléchi sur de vastes distances, la queue perdue au fond du pays.

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (1899)

Comme le personnage de Joseph Conrad, vous avez l’occasion en ce mois d’avril de laisser naviguer votre imagination sur les sinuosités du grand fleuve Congo. L’exposition cartographique vous propose en effet un voyage en Afrique centrale, le long de la ligne imaginaire qu’est l’équateur.

De Libreville à Kismaayo, en passant par Kisangani et Kampala, vous pourrez aussi découvrir les rivages du lac Victoria, ou bien les sommets du Mont Kenya et du Ruwenzori.

Rendez-vous à la bibliothèque de géographie-cartothèque, du 1er au 30 avril

Cartes d’Amérique du Sud

Du sud, méridionale, mais aussi latine, cette moitié de l’Amérique est le sujet de l’exposition de cartes organisée à la Bibliothèque de géographie-Cartothèque, du 1er au 31 mars.

L’exposition est composée de cartes thématiques concernant l’ensemble du sous-continent, mais aussi de cartes, récentes ou non, des États qui composent l’Amérique du sud, comme par exemple cette carte de l’Uruguay.

Du lac de Maracaibo jusqu’au Cap Horn, des sommets andins jusqu’à l’embouchure de l’Amazone, peut être y trouverez-vous votre Eldorado…

Cartes du département de la Gironde

Extrait de : Atlas historique de la révolution française. Arnault Robert. 1833

Département n°32… la Gironde ! Ceci est vrai jusqu’en 1860, le numéro 33 ne lui sera attribué qu’avec la création des Alpes-Maritimes.

La bibliothèque de géographie-cartothèque vous propose une exposition de cartes qui rappelle la diversité et l’évolution de ce territoire depuis sa création en 1790. Des cartes de Belleyme jusqu’aux dernières cartes de l’Institut national de l’information géographique et forestière, en passant par des cartes murales du XIXe siècle, venez redécouvrir le plus vaste département de l’Hexagone.

Rendez-vous à la Bibliothèque de géographie-Cartothèque, du 1er au 28 février.

Des voyages pas comme les autres

Le quai de Bacalan à Bordeaux le soir

Alfred Smith – Le quai de Bacalan à Bordeaux le soir. 1883. Musée des beaux-arts de Bordeaux

« Voici aujourd’hui huit jours que je suis arrivée à Bordeaux – depuis il n’a pas cessé de pleuvoir. Je suis ici avec deux mauvaises paires de souliers, j’ai les pieds continuellement mouillés et je suis malade – or dans ma position d’apôtre je n’ai pas le temps d’être malade. »

Flora Tristan a écrit ces lignes le 22 septembre 1843 ce qui nous montre que si, depuis, la ville a changé, le temps y reste le même. Ce voyage dans le Bordeaux du XIXème siècle nous est proposé par la collection de poche « La Découverte » des Éditions Maspero. François Maspero (1932-2015) publiait des récits de voyages assez particuliers. L’ensemble des livres édités dans cette collection nous propose des regards croisés sur le monde et offre une vision singulière de notre univers.

À la bibliothèque de géographie-cartothèque vous pouvez en ce moment non seulement lire les chroniques des voyages de Christophe Colomb, Stendhal, Bartolomé de Las Casas, Bernal Diaz del Castillo, Marco Polo, Hernàn Cortes et d’autres, mais aussi les suivre à travers des cartes géographiques.

Rendez-vous à la bibliothèque de géographie-cartothèque, du 1er décembre au 31 janvier.